Vie et opinions philosophiques d’un Chat
Résumé
Mes pattes étant devenues solides, je sortis et fis bientôt amitié avec une oie, bête estimable, car elle avait le ventre tiède ; je me blottissais dessous, et pendant ce temps ses discours philosophiques me formaient. Elle disait que la basse-cour était une république d'alliés ; que le plus industrieux, l'homme, avait été choisi pour chef, et que les chiens, quoique turbulents, étaient nos gardiens. Je pleurais d'attendrissement sous le ventre de ma bonne amie. Un matin la cuisinière approcha d'un air bonasse, montrant dans la main une poignée d'orge. L'oie tendit le cou, que la cuisinière empoigna, tirant un grand couteau. Mon oncle, philosophe alerte, accourut et commença à exhorter l'oie, qui poussait des cris inconvenants : «Chère soeur, disait-il, le fermier, ayant mangé votre chair, aura l'intelligence plus nette et veillera mieux à votre bien-être ; et les chiens, s'étant nourris de vos os, seront plus capables de vous défendre.» Là-dessus l'oie se tut, car sa tête était coupée, et une sorte de tuyau rouge s'avança hors du cou qui saignait. Mon oncle courut à la tête et l'emporta prestement ; pour moi, un peu effarouché, j'approchai de la mare de sang et, sans réfléchir, j'y trempai ma langue ; ce sang était bien bon, et j'allai à la cuisine pour voir si je n'en aurais pas davantage.
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