Homère, Virgile, indignez-vous !
Résumé
Les langues mortes vont-elles mourir une deuxième fois ? Jusque quand laissera-t-on les élites, d'hier ou d'aujourd'hui, mettre au placard ce patrimoine invisible, mais bien réel, sur lequel nous n'avons aucun droit, et surtout pas celui d'en priver les générations futures ? Nous ne sommes pas propriétaires des Humanités, langues anciennes et culture, juste légataires et responsables, à ce titre, de leur transmission. Quelle curieuse conception de l'égalité que celle qui consiste à supprimer des disciplines, ou à les réduire, au motif qu'elles favoriseraient les élèves issus de familles aisées ? Faut-il donc brûler nos héritages culturels et se féliciter ensuite d'obtenir une égalité par soustraction ? Tocqueville avait prophétisé que les démocraties ne haïraient rien tant que les grands hommes. Il ne savait pas que cette haine de l'éminence couvrirait tout ce qui peut concourir à élever l'homme. Cette charge contre les ennemis du grec et du latin n'est pas l'oeuvre d'un décliniste, ni celle d'un nostalgique des déclinaisons latines. C'est la réflexion d'un citoyen, ni enseignant, ni partisan, qui s'interroge sur le rôle de la culture classique dans la formation d'un homme. Péguy disait déjà en son temps que rien n'était plus vieux que le journal du matin et qu'Homère était toujours jeune. Il semble bien que notre époque, tout acquise qu'elle est au présentisme, à cette religion de l'actualité, ait pris le parti inverse. Mais pour quels résultats ?
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