Le silence des vivants
Résumé
Quinze ans avant d'entrer au monastère, Théo Zeldner était un de ces hommes que le pouvoir politique et les services spéciaux français chargeaient de supprimer ceux qu'il fallait éliminer en secret. Solitaire, tireur d'élite, il n'a jamais manqué les cibles désignées par le colonel Neumann, chef des opérations spéciales. Il le faisait sans états d'âme, convaincu d'être du côté du Bien, celui de la République. Mais, un jour, au cours d'une mission en Afrique, Zeldner n'a plus eu sa conscience pour lui. C'était en mai 1995. Envoyé par Neumann dans le Nord Kivu, au Congo Kinshasa, un des endroits les plus dangereux de la planète, il avait mission de supprimer Moïse Mulunda, opposant au pouvoir en place et chef de guerre hutu qui contrôlait une région riche en métaux rares. Neumann lui avait affirmé que Mulunda nuisait aux intérêts français et Zeldner, comme d'habitude, s'était contenté de cette explication lapidaire. Une fois sur place, le choc fut terrible : il découvrit l'horreur des conflits ethniques qui ensanglantaient la région, les massacres, les viols atroces, conséquences des guerres que se livraient déjà les grandes puissances pour mettre la main sur les ressources minières du Congo. Une mission en enfer qui eut sur lui l'effet d'un catalyseur et lui fit brutalement prendre conscience qu'il n'incarnait plus le Bien, que, lui aussi, n'était rien d'autre qu'un tueur. Qu'il était passé du côté du Mal. Ecoeuré d'avoir assassiné Mulunda et les siens au nom d'un Etat qu'il croyait moral mais qui était prêt au pire pour préserver ses intérêts, Zeldner quitta tout et entra dans un monastère cistercien perdu au fond d'une vallée de l'Ardèche. Il voulait devenir un autre homme, se rapprocher d'un Dieu auquel il croyait à peine et effacer la culpabilité qui le minait. Il n'avait que quarante ans. Zeldner aurait pu continuer ainsi à chercher Dieu et le pardon de ses crimes si, quinze ans plus tard, le monde et son passé n'étaient pas revenus frapper à la porte de sa cellule avec fracas. Derrière la porte, Neumann. Son ancien chef a fait le voyage en plein hiver pour l'obliger à renoncer provisoirement à ses voeux et à sa retraite. Le pays a besoin de lui : on vient d'envoyer à la France un terrible message à travers l'assassinat de six ingénieurs et géologues français dans une mine de coltan, un métal stratégique rare, exploitée au Nord Kivu par une société hexagonale mi-publique, mi-privée...
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