La claire fontaine
Résumé
Condamné à reconstruire la colonne Vendôme à ses frais et poursuivi par la haine officielle, Courbet doit se réfugier en Suisse. L'homme qui franchit la frontière, ce 23 juillet 1873, est un homme mort - mort aux menaces, au chantage, aux manigances! En Suisse, Gustave Courbet va s'adonner au plus grand plaisir de sa vie: se baigner dans tous les ruisseaux, étangs et lacs qui ne sont pas saisis par le gel. Il se mêle aux gens du pays, courant les réjouissances naïves des petites communes, les foires, les inaugurations; il chante à la chorale et tient table ouverte aux amis du jour - masculins ou féminins. On s'émerveille de la liberté de ce corps dont le sillage dénoue les ruelles du bourg, de ce gros ventre qui ouvre lentement les eaux, les vallons, les bois. Quand il peignait, Courbet plongeait son visage dans la nature, les yeux, les lèvres, le nez, les deux mains, au risque de s'égarer, au risque surtout d'être ébloui, soulevé, délivré de lui-même. De quel secret rayonnent ces années d'exil à LaTour-de-Peilz, sur les bords du Léman, ces quatre années que les spécialistes expédient d'ordinaire en deux phrases sévères: Courbet ne peint plus rien de bon et se tue à force de boire ? Ce secret, éprouvé au feu de la Commune de Paris, c'est la joie contagieuse de l'homme qui se gouverne lui-même.
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