Il faut se méfier des hommes nus
Résumé
Chargée d'écrire un scénario sur Marlon Brando, Cheyenne (qui porte le même prénom que la fille de l'acteur) doit retourner à Tahiti où elle est née. Malgré un très gros cachet à la clef, l'idée de remettre les pieds sur cette île lui fait horreur. Elle y a pourtant laissé sa soeur jumelle, ses parents et tous ses souvenirs d'enfance, parfois très éloignés des clichés idylliques de l'office du tourisme. Pourquoi appréhende-t-elle autant ce retour ? Dès son arrivée sur place, les fiascos s'enchaînent. A l'instar des lubies mégalomaniaques de Brando, le film peine à devenir réalité. La star embauchée pour endosser le rôle de l'acteur mythique s'identifie un peu trop à son personnage, multiplie les caprices de diva, amorce un retour à la nature qui n'est pas du goût des producteurs, eux-mêmes tentés de réécrire sans cesse le scénario de Cheyenne pour lui conférer un happy end forcément introuvable, la vie sentimentale et familiale de Brando n'étant qu'une suite tragique d'échecs. Sous ses dehors de paradis terrestre, Tahiti n'est peut-être pas étrangère à cette succession de catastrophes. Indomptable, elle gronde en secret et règle ses comptes avec les humains. Brando au Paradis entrelace le biopic et le roman en mêlant deux axes narratifs : l'un retrace les épisodes marquants de la vie de Marlon Brando : la découverte de Tahiti ? qui l'envoûte littéralement ? lors du tournage des Révoltés du Bounty ; sa rencontre avec sa femme, Tarita ; son dégoût d'Hollywood ; ses infidélités ; sa boulimie ; ses projets mirobolants ; sa personnalité velléitaire ; puis le double fait divers de l'assassinat de son gendre et du suicide de sa fille, dont il ne se remettra jamais. En parallèle se déploie une intrigue à suspense, où le puzzle d'un traumatisme de l'enfance de Cheyenne se reconstitue pièce par pièce, jusqu'à former une image bien différente du souvenir que s'en était fait l'héroïne. Roman cinéphile, aux références nombreuses et assumées, Brando au Paradis joue avec la difficulté de restituer la vérité des faits, que ce soit par le biais de la fiction ou de la mémoire. C'est le cas du scénario de Cheyenne, que le passage à la moulinette de l'industrie du cinéma rendra de plus en plus indigent, mais aussi de ses souvenirs dont elle s'apercevra qu'ils étaient loin d'être fiables. En choisissant Tahiti comme théâtre principal de son récit, Anne Akrich trace le portrait terrifiant d'une île sauvage qui dévore ses enfants et engloutit toute forme de projet, hormis lorsqu'il s'agit de vengeance.
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