Orlando Furioso, Guarito - De l'Aristote à Shakespeare
Résumé
Dans l'Orlando furioso l'Arioste met en évidence un des risques qu'encourt l'être parlant quand sa parole se subordonne à l'emploi conceptuel des mots : avec ces mots abstraits, c'est celui d'élaborer des figures idéales qu'il substitue à telle ou telle personne qui a éveillé son besoin d'aimer ; et quand un hasard de sa vie lui découvre l'écart entre cette personne et cette image irréelle, tout son monde de représentations et de valeurs s'effondre, il peut achever de le mettre en pièces : c'est la folie, la «fureur» qui s'emparent de Roland quand il comprend ce qu'est véritablement celle qu'il aime, Angélique. L'Arioste voit le problème, très clairement, mais il ne l'explicite pas et n'en tire pas les conclusion nécessaires qui sont que le travail de l'esprit doit être de déconstruire les idéalités ; et qu'il faut constater d'abord que les femmes sont prioritairement les victimes de cette transfiguration des objets du désir ou de l'affection. L'hypothèse de ce petit livre est de remarquer que Shakespeare a lu l'Arioste, y a réfléchi, lui empruntant ce nom, Orlando, pour le rêveur qu'il va, dans As you like it, mettre en scène. Mais ce qu'il veut, lui, c'est comprendre comment les déconstructions peuvent s'accomplir. Et voyant bien que tout se joue dans l'emploi des mots, il invente une jeune fille qui, obligée pour sauver sa vie de se déguiser en garçon, s'avise qu'elle peut profiter de cette vêture, qui empêche Orlando de la reconnaître, pour «guérir» ce rêveur, qu'elle aime, en transgressant dans ses conversations avec lui les façons figées, radicalement réductrices, dans lesquelles l'idéologie de la société enferme les femmes.
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