L'incompréhensible est-il inconcevable ?
Résumé
La littérature a la métaphore dans le sang. A mille lieues de là, les arts savants en ont compensé la perte par l'usage des formes symboliques et leurs combinaisons. Au-delà enfin, la religion existe Dieu n'est pas une métaphore -d'où l'origine de son incompréhensibilité. Voilà ainsi trois états différents de connaissance en général, trois expressions grandioses caractéristiques de la créativité, de l'inventivité et de la merveilleuse impuissance humaine qui, presque par définition donc, semblaient devoir s'exclure mutuellement jusque-là, et ne jamais dégénérer leur objet dans une œuvre partagée. Le livre avait beau témoigner que les hommes sont des animots, le mot, plus vague encore que la métaphore, était une unité de mesure de ces états plus pressentie que connue au bout on ne savait pas bien en réalité exactement ce que c'était, et la littérature en bloc retentissait de cette imprécision, par ricochet -pour notre plus grand bonheur à tous, ne nous y trompons pas. D'autant plus intéressante que, regardée avec recul, le seul risque qu'elle nous ferait prendre dans ce cas serait de découvrir des correspondances qu'elle entretient avec le déchiffrement des analogies (trop subtiles pour ne pas être secrètes), il reste alors à envisager l'option d'une littérature sans métaphore, libérée de tous effets spéciaux, c'est-à-dire qui, tout en ne bifurquant pas d'un côté vers la logique mathématique, ne rende pas en même temps de l'autre l'incompréhensible plus inconcevable qu'il n'est déjà. Frédéric Auffret
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